Le chantier de fouille sur la zone portuaire au site archélogique Lattara - musée Henri Prades


Publié le 26/07/2019
Chantier des fouilles Lattara

Vendredi 26 juillet 2019, Bernard TRAVIER, Vice-Président de Montpellier Méditerranée Métropole, Délégué à la Culture, Diane DUSSEAUX, Conservatrice du patrimoine et Gaël PIQUÈS, chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 - Archéologie des sociétés méditerranéennes, ont présenté le chantier de fouille qui a été réalisé ce mois-ci sur la zone portuaire au site archéologique Lattara – musée Henri Prades.
Le chantier de fouille a été mené par Gaël Piquès (CNRS), accompagné par une petite trentaine d’étudiants en archéologie. Ce chantier, qui concerne la zone portuaire d’époque romaine de la ville antique de Lattara, aura duré un mois et s’achève à la fin de cette semaine.

Les vestiges, qui n’avaient jamais été mis au jour et dont la présence n’était que supposée par Henri Prades, sont situés sous le niveau de la mer. Les conditions de fouille étaient donc particulièrement difficiles puisque les archéologues étaient, en effet, obligés de recourir à des pompes pour mettre le chantier hors d’eau et pouvoir ainsi fouiller. 2019, marque en outre la fin du programme de fouille sur le chenal. Ces vestiges, qui seront de nouveau immergés d’ici peu de temps, ne pourront donc plus être visibles.

HISTORIQUE DE LA DÉCOUVERTE DU SITE ET DES RECHERCHES

L'agglomération de Lattara, pourtant connue par les textes antiques et mentionnée dans les écrits d'historiens des XVIIe et XVIIIe siècles, n'est localisée à Lattes qu'au début du XXe siècle.
C'est à l'occasion de prospections pédestres autour de la ferme de Saint-Sauveur que des vestiges sont identifiés comme appartenant à la Lattara romaine.
À l'automne 1963, Henri Prades, instituteur de l'école Painlevé à Montpellier, est alerté par deux de ses élèves, Jean Offroy et Jacques Perez, qui ont découvert des objets archéologiques sur une parcelle agricole de Saint-Sauveur. Dans la foulée, l'archéologue passionné entreprend, avec l'accord des services de l'État, deux sondages de reconnaissance qui attestent de l'antériorité du site par rapport à l'époque romaine. Plusieurs fouilles et observations sur le territoire ont été réalisées à la fin des années 1960 et dans les années 1970.
À partir de 1983, une fouille programmée est conduite sous la direction du CNRS (aujourd'hui UMR 5140 – laboratoire Archéologie des sociétés méditerranéennes). Cette fouille, qui prend la forme de programmes triennaux depuis 1986, se poursuit encore aujourd'hui et mobilise des équipes pluridisciplinaires internationales à l'occasion de chantiers annuels.
En 35 ans, les recherches ont largement confirmé la richesse du gisement de Lattara et ses potentialités exceptionnelles pour l'étude de l'habitat protohistorique méditerranéen.

LE PROGRAMME DE FOUILLE ACTUEL (2016-2019)

En 2016, Gaël Piquès (chargé de recherche au CNRS, UMR 5140 – Archéologie des sociétés méditerranéennes) décide d'entamer un nouveau programme de recherche sur la zone portuaire de Lattara. Afin de préparer ce programme, des prospections géophysiques sont réalisées au cours de l'année 2016.
Elles ont permis de cerner les limites de l'extension méridionale de la ville, de localiser plusieurs bâtiments potentiellement en lien avec l'activité portuaire (possible entrepôt, vaste bâtiment à cour centrale...) et de confirmer la présence d'un chenal d'accès au port, déjà suggérée par Henri Prades.

Le programme de fouille de la zone portuaire de Lattara a débuté au mois de juin 2017.
Ce programme s'inscrit dans la continuité des travaux réalisés par Henri Prades puis Dominique Garcia sur le port de Lattes, ainsi que dans le cadre des recherches menées actuellement sur les ports du sud de la Gaule, à travers notamment le projet collectif de recherche « Les ports antiques de Narbonne » (dir. C. Sanchez, CNRS, ASM-UMR5140).
Les recherches portent sur le terrain au sud du site archéologique actuel. Ce terrain, qui concentre désormais les recherches, avait seulement fait l'objet par le passé de sondages archéologiques puis géoarchéologiques.

DES RÉSULTATS EXCEPTIONNELS

Ce programme de fouille triennal, qui s'achève en 2019, a permis de cerner l'étendue et l'organisation topographique de la zone portuaire, ainsi que la physionomie et l'évolution sédimentaire du bassin portuaire.
À cela s'ajoute l'acquisition de nouvelles données d'ordre socio-économique et environnementale pour Lattes romaine qui faisaient jusqu'à présent défaut, cela en raison de l'arasement presque systématique des niveaux augustéens et du Haut-Empire dans la partie intra-muros du site sur laquelle se sont concentrées les fouilles programmées jusqu'en 2015.
Dans des conditions de fouilles parfois éprouvantes, l'équipe d'archéologues menée par Gaël Piquès (CNRS) a atteint les niveaux les plus profonds du chenal d'accès à la ville portuaire antique de Lattara.
Comme Henri Prades l'avait pressenti à travers un sondage ponctuel, les quais bordant le chenal ont été dégagés sur plus d'un mètre de haut. Il manque toutefois environ un mètre de stratigraphie, ce qui laisse imaginer l'envergure des aménagements mis en œuvre à l'époque romaine où de puissants quais de déchargement ont également servi de soutien à une terrasse portuaire.

Parallèlement à cette fouille du chenal, l'exploration d'une partie d'un bâtiment et d'un espace ouvert de déchargement a été poursuivie, sous la direction de Benjamin Luley (université de Gettysburg, Pennsylvanie, USA). Monnaies, éléments de balance, enduits peints, amphores... confirment la vocation commerciale de ce bâtiment adossé au quai romain.

LE LABORATOIRE ARCHÉOLOGIE DES SOCIÉTÉS MÉDITERRANÉENNES (UMR 5140)

L'unité mixte de recherche « Archéologie des Sociétés Méditerranéennes » (UMR 5140) est un laboratoire de recherches en archéologie entièrement voué à l'étude des sociétés de la Méditerranée, de la Préhistoire au Moyen Âge.
Héritier de plusieurs unités antécédentes, le laboratoire inscrit son activité scientifique dans le cadre d'un contrat passé entre plusieurs tutelles et partenaires : le CNRS, le Ministère de la Culture et de la Communication, l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 et l'Inrap. Il compte aujourd'hui près de 150 membres statutaires qui contribuent ensemble à la réalisation des projets de recherches, à la transmission et à la valorisation de leurs résultats.

LE FINANCEMENT DE LA FOUILLE

Le chantier de fouille de Lattara est financé, à parts égales, par Montpellier Méditerranée Métropole (15 000 euros) via une subvention allouée à l'UMR 5140, et la Drac Occitanie – service régional de l'archéologie (15 000 euros).
Depuis 2017, la Région Occitanie subventionne également cette opération à hauteur d'environ 6% du montant global (2 000 euros).

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